Analyse de l’activité évaluative des enseignants suite à une réforme en EPS

Abstract

L’éducation physique et sportive (EPS) dans le canton de Vaud en Suisse a récemment fait l’objet d’une réforme de son programme d’évaluation. La particularité de ce contexte est que l'évaluation de l'EPS est sommative, mais pas certificative (Lentillon-Kaestner, Allain, Deriaz, & Voisard, 2018). L’intérêt de cette recherche est de comprendre et d’analyser les difficultés que rencontrent les enseignants d’EPS lorsqu’ils évaluent leurs élèves dans ce contexte de réforme. Premièrement, cette étude vise à comprendre comment les enseignants adaptent les évaluations cantonales tout en répondant à leurs préoccupations. Deuxièmement, analyser comment les enseignants confrontés à cette réforme articulent des exigences sommatives avec des préoccupations plus formatives dans le but de responsabiliser et impliquer davantage les élèves (Leirhaug & Annerstedt, 2015) notamment par la mise en place d’une évaluation par les pairs. Le cadre théorique et méthodologique de l’étude est la Clinique d’activité (Clot, 1999), qui suppose un processus de développement prenant sa source dans les conflits intra-psychiques (Vygotski, 1978) créés par l’écart entre ce qui prescrit (réforme), et ce qui est réellement fait et la part empêchée de l’activité. Une étude qualitative et longitudinale de six enseignants d’EPS a cherché à analyser leur activité d'évaluation dans un contexte de réforme par le biais d'entretiens d’auto-confrontation simples et croisés. Les résultats présentés mettent en évidence les conflits intra-psychiques entre enseignants, qui, lors d’évaluations sommatives, procèdent à des arrangements évaluatifs (Brau-Antony & Hubert, 2014) pour répondre au mieux à leurs préoccupations et aux diverses contraintes. L'utilisation d'entretiens d'auto-confrontation a permis de créer un espace ouvert pour le développement des enseignants et présager de nouvelles solutions. Cette étude confirme les résistances des enseignants face à la co-évaluation qui implique de rendre compatible un système de tests ponctuels et standardisés avec des enjeux plus transversaux en phase avec une évaluation au service des apprentissages.