Que disent les enseignant·es au sujet du décrochage scolaire de leurs élèves ? Sur quelles observations et sur quels registres explicatifs s’appuient-ils et elles afin d’identifier un·e élève « à risque de décrochage » ? Nous observons que les enseignant·es interrogé·es mobilisent différents registres pour expliquer le décrochage ou risque de décrochage. Si ces registres relèvent principalement du rôle de la famille et de l’élève lui-même, les enseignant·e·s évoquent également, dans les marges, des justifications de type scolaire ( perte de la maitrise de classe, relations maitre-élève de parfois piètre qualité, pratiques pédagogiques ).On observe globalement que ces registres semblent empreints d’un certain déterminisme social et traversés par les registres de l’absence et du manque : ils et elles n’auraient pas les résultats scolaires et les comportements permettant de satisfaire les attentes scolaires. Au-delà de ces manquements, les enseignant·es accordent une place significative au faible gout de l’effort et de projection de ces élèves. Si l’identification d’une catégorie d’élèves considéré·es comme « à risque de décrochage » témoigne de la préoccupation que les enseignant·es ont vis-à-vis de leurs élèves, elle n’est pas sans risque de stigmatiser une frange de la population qui n’est pas pas au diapason avec la culture scolaire et ses normes.