Tandis que l’EEE institutionnelle peut être décrite comme une démarche « par le haut » visant à contrôler la prestation des enseignants, l’EEE formative est vue comme une démarche « par le bas », pilotée par les enseignants et, de ce fait, la plus propice pour soutenir leur développement professionnel (Berthiaume et al. 2011). Nous avons voulu savoir comment les enseignants de la HEP Vaud (Lausanne, Suisse) utilisent le dispositif institutionnel d’évaluation des modules de la formation initiale, qui, depuis 2011, combine l’objectif d’amélioration continue des enseignements et celui de rendre compte de la qualité de la formation dispensée.

Pour ce faire, nous avons procédé à un recensement de l’ensemble des 287 enseignants de la HEP Vaud. 128 (45%) ont répondu, parmi lesquels 125 enseignants dans la formation initiale. Ils sont 103 (82.4%) à avoir déjà reçu au moins une fois des résultats institutionnels, et 86% à en exploiter activement le contenu : 75% les jugent utiles et 65% les ont déjà utilisés pour introduire un changement dans leur pratique. Considérant que les étudiants sont qualifiés pour évaluer leurs enseignements (72.3%), ils se disent émotionnellement impliqués : 68,4% trouvent très important de recevoir un retour positif. Malgré des réserves sur la validité des résultats (53.2% jugent que le retour des étudiants présente des opinions extrêmes, 40.4% qu’il est vague et 50% qu’il ne représente pas l’opinion générale des étudiants), ils sont 86% à croiser les résultats institutionnels avec d’autres données relatives à leur enseignement et à initier des échanges à ce sujet – signe que l’EEE participe du développement de leurs compétences pédagogiques et professionnelles en suscitant chez eux une démarche réflexive. Nos résultats confirment ceux obtenus par Dumont et al. (2012) : l’EEE institutionnelle peut s’avérer globalement aussi favorable au développement professionnel des enseignants qu’un dispositif à visée formative.