Le constat posé dans l’ouvrage de Callon, Lacoumes et Barthes (2001), Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, se caractérise par sa spécificité à associer la démocratie et la technique, débat peu mis en avant au courant de ces dernières décennies. Ce débat reconduit par l’ouvrage de Lequin et Lamard (2015), Éléments de démocratie technique, pointe cette nécessité de reprendre ces questionnements en les actualisant dans notre société technologique. Notre contribution propose un complément à ces ouvrages en nous focalisant sur une dimension pédagogique et assurément didactique. Au-delà des réflexions abondantes sur la nécessité de développer une posture citoyenne chez l’élève (Dewey, 1916/1983 ; Mougniotte, 1994 ; Perrenoud, 2003 ; Ben Ayed, 2010), l’étudiant, mais également l’enseignant, nous proposons dans cet article de cibler l’articulation entre démocratie technique et didactique de la conception (Didier & Leuba, 2011 ; Leuba et al., 2012 ; Didier, 2015 ; Bonnardel & Didier, 2016). Notre travail sur la didactique de la conception développé en milieu scolaire est mené depuis 2010 dans le cadre de la formation des enseignants généralistes et spécialistes. Il pose le constat suivant : comment passer d’une posture d’élève exécutant, habitué à restituer
des savoirs, vers une posture d’élève concepteur, capable de décider, d’anticiper, de communiquer, de collaborer, de s’émanciper à l’aide d’une pensée construite ?