Cette communication présente certains résultats d’une recherche collaborative menée à l’ESPE Midi-Pyrénées et portant sur l’intégration dans des classes ordinaires d’école primaire, d’une ingénierie didactique, qualifiée de robuste, relative à la soustraction élaborée par Brousseau dans les années 80. La recherche a mis en évidence deux moments-clés qui conditionnent le déroulement de l’ingénierie. Le premier consiste à faire émerger la preuve mathématique d’un résultat issu d’une soustraction. Le second vise à utiliser la preuve pour construire et donner sens à un algorithme opératoire. En nous appuyant sur les descripteurs de l’action conjointe en didactique, nous montrerons que les difficultés également rencontrées par deux enseignantes (l’une en début de carrière, l’autre maîtresse formatrice) dans la mise en œuvre de cette ressource didactique relèvent de questions épistémologiques d’importance. La description micro-didactique de la manière donc chacune d’entre-elles contourne ces questions pour faire apparaître, malgré tout, ce qu’elles considèrent être le savoir en jeu dans ces deux moments-clés nous permettra de pointer les enjeux de formation didactiques associés à cette ingénierie. Nous montrerons alors comment le processus réflexif engagé dans la recherche collaborative a permis aux enseignantes d’accéder à la logique épistémique de cette ressource didactique et à modifier les mises en œuvre les deux années suivantes. Ces constats nous amènerons à discuter le rôle que « l’analyse a priori » des adaptations qu’elles proposent aux regard de l’analyse épistémique des deux moments-clés de l’ingénierie, peut constituer, sous certaines conditions, des leviers pour leur formation didactique.

Mots clés : Recherche collaborative, Formation didactique, Action Conjointe en Didactique, Comparatisme, Ingénierie didactique, Difficultés épistémiques, Analyse a priori