Au cours de la période étudiée (2009-2012), le déficit de main d’œuvre sur le marché du travail d’enseignement dans le canton de Vaud semblait plutôt favorable aux candidats et défavorable à l’employeur. Pourtant, les premières démarches d’insertion ne conduisent pas nécessairement à des emplois conçus selon la norme du poste à temps complet, avec maîtrise de classe et correspondant au degré de formation de l’enseignante novice considérée . On peut parler de « construction d’un emploi », à partir de « queues de postes », c’est à dire de petits pourcentages d’emplois, qui mis bout à bout, constituent des « emplois » éclatés entre plusieurs classes, distantes parfois de plusieurs kilomètres, et d’autres fonctions péri-pédagogiques telles que l’appui. Même si ces bricolages institutionnels permettent finalement aux candidates d’entrer dans le métier et d’arriver au terme d’un processus de plusieurs années parfois, à un emploi correspondant à leur souhait initial, on peut se demander quelle est la cause de cette contradiction entre le déficit de main d’œuvre et la difficulté à trouver un emploi. L’explication est liée aux stratégies de gestion de la ressource humaine par les directeurs d’établissement et aux stratégies de proximité des candidates à l’emploi. C’est ce que nous expliquerons ici grâce à cette enquête comportant un volet qualitatif (21 enseignantes interviewées trois fois en trois ans) et un volet quantitatif (179 enseignantes vaudoises diplômées en 2008 ou 2009 et interrogées un an et/ou trois ans après l’obtention de leur diplôme, par questionnaire en ligne).