Comment les élèves résistent, déjouent ou intériorisent les valeurs majoritaires du cadre scolaire ?

Abstract

Dans le cadre des premières rencontres du RIED, nous proposons une communication sur la construction identitaire des élèves dans des contextes scolaires caractérisés par une très grande hétérogénéité sociale et culturelle. La question suivante constituera le fil conducteur de notre discussion : comment comprendre le besoin qu'expriment certains élèves de rendre visibles leurs différences culturelles et quelle place légitime leur accorder dans le cadre scolaire ? Cette dernière sera explorée à partir de deux points de vue : d'un côté, celui de l'élève-adolescent (comment il construit son identité à l'école) de l'autre, celui des enseignants et de l'établissement (les valeurs de référence pour encadrer l'apprentissage).

Les résultats d’analyse qui seront discutés montrent combien la construction identitaire des élèves varie en fonction du cadre scolaire et de la prégnance des valeurs de l’établissement sur l’organisation des relations sociales entre pairs. Le discours sur la diversité et le caractère fédérateur ou ségrégatif des catégories sociales et culturelles circulant dans l’enceinte scolaire structurent de manière contrastée l’espace des possibles des identifications des élèves. Dans certaines situations, ce cadre scolaire offre de nouvelles ressources d’identification et soutient l’émancipation de soi face à l’expérience de la disqualification ou de l’exclusion, dans d’autres, celui-ci place les élèves dans des situations de socialisation fragiles – qui peuvent mettre en danger leur construction de soi – et contraint ceux-ci à se réfugier dans des revendications identitaire plus fermées ou radicalisées.

Les données sur lesquelles cette communication se fonde proviennent d’une recherche qualitative (ethnographie scolaire et entretiens compréhensifs) et comparative menée dans le cadre d’une thèse de doctorat dans des contextes scolaires situés à Bruxelles et à Johannesburg. Ces établissements ont été sélectionnés à partir de trois critères : la position de l’école sur le quasi- marché scolaire, la composition du public scolaire et l’environnemental social et économique de l’école.