À la recherche de médiations fertiles : interdisciplinarité, pluralisme et paradoxes en formation d’enseignant·e·s
Searching for fertile mediations: interdisciplinarity, pluralism and the paradoxes of teacher training
Type
Communication orale
Date de publication
2025-09-04
Langue de la référence
Français
Résumé
A l’instar des grands récits sur la modernité (Latour, 1991), les discours sur l’école et sur la formation d’enseignant·e·s prennent rarement en considération les innombrables traductions et les médiateurs qui permettent de relier le local et le global ou de dépasser les oppositions binaires qui structurent notre conception du monde, telles que nature et culture (cf. Descola, 2005), forme et contenu, actif et passif, positif et négatif. Les conceptions dominantes de l’enseignement le réduisent ainsi souvent à l’art de transmettre le savoir, ce qui conduit à passer sous silence les objectifs de socialisation de l’école et à évacuer la dimension proprement existentielle de la relation pédagogique (Biesta, 2022 ; Ingold, 2018). La formation à l’enseignement, pour sa part, apparaît comme une opération principalement intellectuelle, consistant à transmettre une culture, des savoirs experts et des méthodes de travail aux enseignant·e·s novices. Dans le même ordre d’idées, l’analyse de pratiques professionnelles qui accompagne les stages, qui vise à construire une posture « réflexive » (Schön, 1983), fonde habituellement sa légitimité surtout sur l’intelligence collective, comme si la réflexion et le dialogue permettaient, à eux seuls, d’obtenir une perspective objective sur le monde et de s’émanciper des représentations dominantes (Tardif, 2012).
Sur la base de plusieurs années d’expérience dans la mise en place de dispositifs de formation à l’enseignement à la Haute école pédagogique du canton de Vaud, cette communication explore le potentiel de différentes stratégies permettant de médiatiser les liens entre le global et le local et de dépasser les oppositions binaires, dans le cadre de l’analyse de situations scolaires et dans la manière de penser ce qui se passe en cours ou séminaire. Au travers d’une perspective longitudinale, la communication s’intéresse, plus particulièrement, aux transformations successives subies entre 2021 et 2024 par un module optionnel de nature interdisciplinaire. Le module, qui est basé sur une conception située des savoirs (cf. Haraway, 2007) et sur la volonté d’accueillir une pluralité de mondes, de logiques et de vérités (cf. Boltanski & Thévenot, 1991 ; Latour, 2006), explore plus particulièrement les enjeux de citoyenneté et d’inclusion à l’école.
La communication décrit l’évolution du dispositif, qui a prêté, dès ses débuts, une attention particulière aux médiations socio-techniques permettant de traduire des mondes lointains dans les situations de formation. Les limites de cette approche, ainsi que les critiques des étudiant·e·s, parfois déconcertés par la pluralité des points de vue mobilisés, a mené à plusieurs adaptations successives. Celles-ci ont conduit le formateur, en particulier, à investir graduellement la dimension existentielle de la relation de formation, à adopter le concept de paradoxe afin d’accueillir la dimension ambivalente des expériences de vie (Vine, 2024) et à renoncer progressivement à la transmission des savoirs, en privilégiant la mise en enquête des étudiant·e·s autour des controverses qui traversent l’école et les situations d’enseignement. La communication se conclut par un retour réflexif sur les résultats de ces différentes démarches.
Sur la base de plusieurs années d’expérience dans la mise en place de dispositifs de formation à l’enseignement à la Haute école pédagogique du canton de Vaud, cette communication explore le potentiel de différentes stratégies permettant de médiatiser les liens entre le global et le local et de dépasser les oppositions binaires, dans le cadre de l’analyse de situations scolaires et dans la manière de penser ce qui se passe en cours ou séminaire. Au travers d’une perspective longitudinale, la communication s’intéresse, plus particulièrement, aux transformations successives subies entre 2021 et 2024 par un module optionnel de nature interdisciplinaire. Le module, qui est basé sur une conception située des savoirs (cf. Haraway, 2007) et sur la volonté d’accueillir une pluralité de mondes, de logiques et de vérités (cf. Boltanski & Thévenot, 1991 ; Latour, 2006), explore plus particulièrement les enjeux de citoyenneté et d’inclusion à l’école.
La communication décrit l’évolution du dispositif, qui a prêté, dès ses débuts, une attention particulière aux médiations socio-techniques permettant de traduire des mondes lointains dans les situations de formation. Les limites de cette approche, ainsi que les critiques des étudiant·e·s, parfois déconcertés par la pluralité des points de vue mobilisés, a mené à plusieurs adaptations successives. Celles-ci ont conduit le formateur, en particulier, à investir graduellement la dimension existentielle de la relation de formation, à adopter le concept de paradoxe afin d’accueillir la dimension ambivalente des expériences de vie (Vine, 2024) et à renoncer progressivement à la transmission des savoirs, en privilégiant la mise en enquête des étudiant·e·s autour des controverses qui traversent l’école et les situations d’enseignement. La communication se conclut par un retour réflexif sur les résultats de ces différentes démarches.
Résumé traduit
Like the great narratives on modernity (Latour, 1991), discourses on education and teacher training rarely take into account the countless translations and mediators that connect the local and the global or transcend the binary oppositions structuring our conception of the world, such as nature and culture (cf. Descola, 2005), form and content, active and passive, positive and negative. Dominant conceptions of teaching, thus, often reduce it to the art of transmitting knowledge, which leads to ignoring the socialisation objectives of school and dismissing the existential dimension of the pedagogical relationship (Biesta, 2022; Ingold, 2018). Teacher training, for its part, appears to be a primarily intellectual exercise, consisting of transmitting culture, expert knowledge and working methods to novice teachers. In the same vein, the analysis of professional practices accompanying internships, which aims to build 'reflective practitioners" (Schön, 1983), usually bases its legitimacy primarily on collective intelligence, as if reflection and dialogue alone could provide an objective perspective on the world and emancipate oneself from dominant representations (Tardif, 2012).
Based on several years of experience in conceiving ttraining programmes at the University of Teacher Education of the Canton of Vaud (Haute école pédagogique du canton de Vaud), this paper explores the potential of different strategies for mediating the links between the global and the local and overcoming binary oppositions when it comes to analysing school situations or thinking about what happens in class or seminars. Taking a longitudinal perspective, the paper focuses in particular on the successive transformations undergone between 2021 and 2024 by an optional interdisciplinary module. The module, which is based on a situated conception of knowledge (cf. Haraway, 2007) and on the desire to embrace a plurality of worlds, logics and truths (cf. Boltanski & Thévenot, 1991; Latour, 2006), explores, in particular, the issues of citizenship and inclusion in schools.
The paper describes the evolution of the module, which, from the outset, has paid particular attention to socio-technical mediations that enable distant worlds to be translated into training situations. The limitations of this approach, as well as criticism from students, who were sometimes disconcerted by the plurality of viewpoints mobilised, led to several successive adaptations. These led the trainer, in particular, to gradually invest in the existential dimension of the training relationship, to adopt the concept of paradox in order to embrace the ambivalent dimension of life experiences (Vine, 2024) and to gradually abandon the transmission of knowledge in favour of encouraging students to investigate the controversies that arise in school and teaching situations. The paper concludes with a reflective review of the results of these approaches.
Based on several years of experience in conceiving ttraining programmes at the University of Teacher Education of the Canton of Vaud (Haute école pédagogique du canton de Vaud), this paper explores the potential of different strategies for mediating the links between the global and the local and overcoming binary oppositions when it comes to analysing school situations or thinking about what happens in class or seminars. Taking a longitudinal perspective, the paper focuses in particular on the successive transformations undergone between 2021 and 2024 by an optional interdisciplinary module. The module, which is based on a situated conception of knowledge (cf. Haraway, 2007) and on the desire to embrace a plurality of worlds, logics and truths (cf. Boltanski & Thévenot, 1991; Latour, 2006), explores, in particular, the issues of citizenship and inclusion in schools.
The paper describes the evolution of the module, which, from the outset, has paid particular attention to socio-technical mediations that enable distant worlds to be translated into training situations. The limitations of this approach, as well as criticism from students, who were sometimes disconcerted by the plurality of viewpoints mobilised, led to several successive adaptations. These led the trainer, in particular, to gradually invest in the existential dimension of the training relationship, to adopt the concept of paradox in order to embrace the ambivalent dimension of life experiences (Vine, 2024) and to gradually abandon the transmission of knowledge in favour of encouraging students to investigate the controversies that arise in school and teaching situations. The paper concludes with a reflective review of the results of these approaches.
Public(s) cible(s)
Chercheurs
Etudiants
Professionnels du domaine
Nom de la manifestation
Les médiations au regard de l’Anthropocène
Date(s) de la manifestation
3-5 septembre 2025
Organisateur(s) de la manifestation
Haute école pédagogique du canton du Valais
Musée de la Nature du Valais
Ville de la manifestation
Sion
Pays de la manifestation
Suisse
Portée de la manifestation
internationale