Poretti, MicheleMichelePoretti2025-12-222025-12-222025-09-04https://hdl.handle.net/20.500.12162/15514A l’instar des grands récits sur la modernité (Latour, 1991), les discours sur l’école et sur la formation d’enseignant·e·s prennent rarement en considération les innombrables traductions et les médiateurs qui permettent de relier le local et le global ou de dépasser les oppositions binaires qui structurent notre conception du monde, telles que nature et culture (cf. Descola, 2005), forme et contenu, actif et passif, positif et négatif. Les conceptions dominantes de l’enseignement le réduisent ainsi souvent à l’art de transmettre le savoir, ce qui conduit à passer sous silence les objectifs de socialisation de l’école et à évacuer la dimension proprement existentielle de la relation pédagogique (Biesta, 2022 ; Ingold, 2018). La formation à l’enseignement, pour sa part, apparaît comme une opération principalement intellectuelle, consistant à transmettre une culture, des savoirs experts et des méthodes de travail aux enseignant·e·s novices. Dans le même ordre d’idées, l’analyse de pratiques professionnelles qui accompagne les stages, qui vise à construire une posture « réflexive » (Schön, 1983), fonde habituellement sa légitimité surtout sur l’intelligence collective, comme si la réflexion et le dialogue permettaient, à eux seuls, d’obtenir une perspective objective sur le monde et de s’émanciper des représentations dominantes (Tardif, 2012). Sur la base de plusieurs années d’expérience dans la mise en place de dispositifs de formation à l’enseignement à la Haute école pédagogique du canton de Vaud, cette communication explore le potentiel de différentes stratégies permettant de médiatiser les liens entre le global et le local et de dépasser les oppositions binaires, dans le cadre de l’analyse de situations scolaires et dans la manière de penser ce qui se passe en cours ou séminaire. Au travers d’une perspective longitudinale, la communication s’intéresse, plus particulièrement, aux transformations successives subies entre 2021 et 2024 par un module optionnel de nature interdisciplinaire. Le module, qui est basé sur une conception située des savoirs (cf. Haraway, 2007) et sur la volonté d’accueillir une pluralité de mondes, de logiques et de vérités (cf. Boltanski & Thévenot, 1991 ; Latour, 2006), explore plus particulièrement les enjeux de citoyenneté et d’inclusion à l’école. La communication décrit l’évolution du dispositif, qui a prêté, dès ses débuts, une attention particulière aux médiations socio-techniques permettant de traduire des mondes lointains dans les situations de formation. Les limites de cette approche, ainsi que les critiques des étudiant·e·s, parfois déconcertés par la pluralité des points de vue mobilisés, a mené à plusieurs adaptations successives. Celles-ci ont conduit le formateur, en particulier, à investir graduellement la dimension existentielle de la relation de formation, à adopter le concept de paradoxe afin d’accueillir la dimension ambivalente des expériences de vie (Vine, 2024) et à renoncer progressivement à la transmission des savoirs, en privilégiant la mise en enquête des étudiant·e·s autour des controverses qui traversent l’école et les situations d’enseignement. La communication se conclut par un retour réflexif sur les résultats de ces différentes démarches.frSociologieAnthropologie des sciencesÀ la recherche de médiations fertiles : interdisciplinarité, pluralisme et paradoxes en formation d’enseignant·e·sType de référence::Communications::Communication scientifique non publiée::Communication oraleSearching for fertile mediations: interdisciplinarity, pluralism and the paradoxes of teacher training