Dans notre contribution, nous nous appuyons sur des récits d’expérience d’enseignantes expérimentées, exerçant dans tous les degrés de l’école vaudoise, en Suisse romande. Ces dernières suivent une formation continue sur la diversité des élèves et elles s’expriment dans le cadre d’un dispositif d’analyse de pratique qui les invite à partager un récit personnellement vécu d’un jour où elles se sont demandé (pour)quoi évaluer. La formation s’inscrit dans le contexte d’une réforme de l’enseignement découlant du projet et des injonctions de l’école inclusive : l’évaluation, instrument traditionnel de la sélection des élèves prend désormais place comme instrument favorisant le projet inclusif.
A partir de l’enregistrement et de la transcription des récits des participantes et de leurs interprétations en groupe, nous avons cherché à bien entendre ce qu’elles avaient à dire sur l’évaluation, dans le contexte de l’école inclusive. L’analyse de leurs propos montre qu’elles s’efforcent à grand peine d’évaluer « autrement », en s’écartant des pratiques habituelles, souvent surprescrites par la culture des établissements scolaires dans lesquels elles travaillent. Par ailleurs, elles se sentent fortement entravées par les prescriptions qui concernent l’évaluation sommative. Mais à bien écouter leurs propos, nous constatons que leurs références aux prescriptions peuvent aussi masquer des méconnaissances. A partir d’une modélisation des connaissances en évaluation, que nous avons adaptée au contexte, nous avons établi quelques pistes d’action susceptibles de contribuer à une émancipation du corps enseignant. Le modèle adapté pourrait servir au développement des connaissances sur l’évaluation des apprentissages qui s’avèrent indispensables pour poursuivre le projet d’une école inclusive.