Après un an de recherche au sein de RESPIRE, cette présentation vise à donner une réponse à la question qui se tire comme un fil rouge à travers les parties pratiques et scientifiques du projet : Si nous voulons investiguer le rôle du corps sensible dans l’enseignement tertiaire, de quel(s) concepts du corps parlons-nous ?
Les multiples discussions et réajustements de notre processus de recherche révèlent que l'entrelacement des statuts épistémiques liés aux connaissances sur le corps, à son utilisation, ou découlant de l'histoire du corps, est influencé par les perspectives et les approches spécifiques des chercheurs du projet, en fonction de leurs domaines respectifs tels que les mathématiques, la musique, les langues, l'éducation physique ou la socio-anthropologie. Cette influence nous pousse à déplacer notre point de vue et à remettre en question nos concepts. Comment définir les notions de corps sensible, de corporéité, de présence corporelle ou de contexte, et selon quels ancrages épistémologiques ? (psychologie cognitive, philosophie, phénoménologie, sociologie) ? Comment conceptualiser le corps sensible à la croisée de nos influences théoriques ?
Sur la base de ces réflexions, nous proposons dans un premier temps un modèle multicouche développé pour notre recherche à partir de travaux d'Emond (2018), Dagognet (1992), Johnson, (2007) et Zimmermann (2018), et nous discuterons ses ancrages et des déplacements épistémologiques. Nous explorons plusieurs pistes afin de discuter comment ce modèle peut permettre appréhender la diversité des situations et personnes dans l’enseignement universitaire en lien avec différents contextes. Nous présenterons dans un second temps le dispositif de formation déployé au sein de nos communautés de pratique. Le dispositif de communuaté de pratique basé sur une démarche somato-réflexive (Emond, 2018, 2021), donc centrée sur la place du corps sensible, favorise la prise de conscience de soi et des autres dans un contexte donné. Il a pour but de développer la capacité à être flexible, à prendre en compte la diversité, à percevoir des opportunités pour créer des environnements capacitants, soutenant le développement de cohérence internes et externes des personnes impliqueés à partir d’approches somatiques (Korthagen, 2004) et d’un accompagnement somato-réflexif (Emond et Rondeau, 2019). Ce dernier se compose d’un temps d’expérimentation corporelle qui permet un travail sur la conscience du corps ainsi que des moments réflexifs (oraux ou écrit) intégrés au contexte d’accompagnement (Emond et al., 2022)
Finalement, nous discuterons de la façon dont le modèle multicouche éclaire et met en perspective les différentes facettes de la communauté de pratique et discutons sa portée pour appréhender la place du corps sensible dans l’enseignement universitaire dans différents contextes.