Notre communication aborde la question de l’impact des différentes modalités de régulation dans les interactions enseignants-élèves au cours de moments de discussion en classe de français (débats argumentatifs et discussions à visée littéraire). D’un point de vue théorique, elle interroge la notion de geste, qu’il s’agisse du geste professionnel, didactique ou pédagogique (Aeby Daghé & Dolz, 2008 ; Gagnon, 2010 ; Gagnon & Dolz, 2018) et conduit à sa définition et à sa distinction d’autres concepts : celui d’intervention (Richard & Lecavalier, à paraitre) et celui de verbalisation (Nonnon, 2017). La notion de geste intègre un langage spécifique, la voix et le corps, des actions, des routines et des outils sémiotiques, transformés en vue de transmettre un contenu d’enseignement à un destinataire apprenant. Les gestes professionnels constituent donc des manières d’interagir par le faire et le dire avec les apprenants, au vu de contenus de savoirs à transmettre ou à construire. Ils incluent donc les interventions verbales et non verbales qui amènent les élèves à réfléchir, à clarifier, à comprendre, à (ré)agir à propos des visées et des objectifs de l’apprentissage, mais aussi les interventions qui servent à valider, à évaluer, à conseiller, à discuter, à échanger, à confronter, à argumenter les visées et objectifs de l’enseignant·e.

À partir de l’analyse d’extraits vidéo de séquences d’enseignement portant sur le débat argumentatif et d’extraits de séquences portant sur la discussion à visée littéraire, nous avons circonscrit les interventions des enseignants·tes au cours des échanges dans le but de décrire et de comprendre comment l’oral du maitre et l’oral de l’élève - la verbalisation des uns et des autres - se mettent au service du déploiement de l’objet d’enseignement, qu’il soit argumentatif ou littéraire. Ce classement et cette analyse des interventions et des verbalisations au cours de discussion en classe de secondaire visent à se doter d’outils langagiers pour la formation d’enseignant·e·s. Ces outils favoriseraient des verbalisations plus conscientes et mieux dirigées, en plus d’aider les enseignant·e·s à mettre au point des moyens efficaces de faire verbaliser les élèves afin, entre autres, d’avoir accès à leurs stratégies, à leurs processus. Ils permettraient également de développer de bons « réflexes » oraux en contexte moins « balisés », comme lors d’échanges autour de thèmes de société ou de la littérature où les questions et les interprétations des élèves surprennent parfois. Comment réagir, réguler les propos de l’élève, les ajuster, les réorienter sans donner les « réponses », mais en guidant ou en balisant le chemin pour y arriver ?