En Suisse les mesures de pédagogie spécialisée dépendent depuis 2008 des départements de l’Instruction Publique de chaque canton. Un accord intercantonal a été instauré afin, entre autres, d’harmoniser les systèmes scolaires et de promouvoir l’intégration scolaire d’enfants ayant des besoins particuliers. Dans ce contexte, de nouvelles formes de prestations d’enseignement spécialisé sont mises en place, dont la collaboration entre enseignants ordinaires et spécialisés. Les termes intégration/inclusion sont souvent utilisés de façon interchangeable. L’intégration est une condition préalable à l’inclusion consistant à placer physiquement un enfant ayant des besoins particuliers dans une classe ordinaire, et correspond à un processus d’assimilation (Avramidis & Norwich, 2002). L’inclusion implique une modification de l’environnement scolaire (Avramidis & Norwich, 2002), de la façon d’enseigner (Slee, 2011) et un intérêt particulier porté aux besoins spécifiques des élèves (Stainback, Stainback, & Jackson, 1992). Elle s’apparente à un processus d’accommodation (Avramidis & Norwich, 2002). Le co-enseignement permet donc de répondre aux exigences de l’inclusion (Murawski & Lochner, 2011). Il implique une relation de partenariat entre les enseignants qui interviennent ensemble auprès d’un groupe hétérogène d’élèves (Benoit & Angelucci, 2011 ; Mastropieri & Scruggs, 2006). En septembre 2012, le projet intitulé La collaboration entre enseignants réguliers et spécialisés dans les dispositifs de soutien à l'intégration scolaire a reçu un financement du Fonds National Suisse pour la recherche scientifique (FNS). Dans un contexte de variabilité des pratiques de co-enseignement et des populations concernées, l’objectif général de ce projet est de décrire les modalités de collaboration entre les enseignants. En premier lieu, il s’agira de présenter les différents concepts ainsi que les apports empiriques disponibles en matière de co-enseignement en contexte d’intégration scolaire. Puis le projet et sa méthodologie seront présentés. Notamment, un recueil de données quantitatives visera à obtenir des informations sur la collaboration elle-même, à décrire les caractéristiques des enseignants et des enfants bénéficiaires des mesures de soutien, ainsi que le vécu de chacun (y compris des camarades de classe). Il s’agira de comparer les formes de pratiques observées, et d’explorer leurs influences sur les élèves et les enseignants. Cette étude permettra d’observer les facteurs facilitant la réussite des mesures intégratives ou au contraire lui faisant obstacle, d’identifier les besoins des enseignants afin d’optimiser les prestations de soutien à l’intégration. Le projet dans son ensemble participera à la compréhension des liens théoriques entre certains concepts, et à un enrichissement méthodologique pour la recherche sur l’inclusion