Des savoirs requis par l’effectuation d’une tâche inscrite dans une discipline dans les premiers degrés de la scolarité

Abstract

Dans le cadre d’un projet sur la re-définition des apprentissages fondamentaux, entendus comme apprentissages fondateurs d’une scolarité réussie, nous cherchons à identifier les savoirs requis (disciplinaires et proto-disciplinaires) par l’effectuation d’une tâche d’apprentissage inscrite dans une discipline scolaire. En effet, il n’est pas rare que la réalisation d’une tâche d’apprentissage nécessite la maîtrise de plusieurs d’outils de nature et d’origine différentes. Ainsi, pour accomplir le travail attendu par l’enseignant, les élèves devront mettre en œuvre volontairement des outils issus de différentes disciplines, parfois bien éloignés de la discipline dans laquelle s’inscrit la tâche. Ces élèves devront souvent changer de perspective sur un objet du monde (Pramling Samuelsson & Pramling, 2016) pour adopter un point de vue disciplinaire (Clerc-Georgy & Kappeler, 2017) sur la tâche en question et construire progressivement une conscience disciplinaire (Reuter, 2007). Nous faisons l’hypothèse qu’il est difficile pour les élèves d’identifier la discipline en jeu dans la tâche et encore plus pour les enseignants de guider les élèves dans l’adoption de la perspective requise par la discipline. En effet, la nécessité de prendre en compte des outils non maîtrisés par les élèves, parfois issus d’autres disciplines, voire s’inscrivant dans une autre conception didactique ou une autre épistémologie, peut conduire à la construction de malentendus à propos de la discipline, ou, quand l’enseignant ignore ces réquisits, empêcher les élèves de rencontrer le savoir visé. Il nous semble alors important d’identifier les savoirs inscrits dans une discipline et convoqués dans une activité inscrite dans une autre discipline (Laparra & Margolinas, 2016). Nous avons également observé les difficultés des étudiants en fin de formation à identifier la discipline dans laquelle s’inscrit une tâche d’apprentissage issue des moyens d’enseignement (Clerc-Georgy, 2015). Pour mieux comprendre ces phénomènes, nous avons retenu deux tâches issues des moyens d’enseignements proposés à l’école enfantine, une en français et l’autre en mathématiques, ainsi qu’une activité de conception en activités créatrices manuelles. La tâche de français concerne l’identification des syllabes dans un mot et celle de mathématique porte sur le raisonnement. Après avoir procédé à une analyse a priori des tâches retenues nous les soumettrons à des didacticiens des disciplines concernées ainsi qu’à l’analyse d’étudiants et d’enseignants expérimentés. Cette première partie de la recherche nous permettra d’identifier les savoirs que les praticiens repèrent a priori. Ces tâches seront ensuite mises en œuvre en classe afin d’observer les gestes professionnels retenus pour guider les élèves ainsi que les savoirs pointés par les enseignants et les difficultés rencontrées par les élèves. Enfin, nous questionnerons quelques élèves pour mieux saisir leur perspective (Pramling Samuelsson & Pramling, 2016).